Marie-Christiane Mathieu wrote about Stéphanie Lagueux's Le corps social and my own Tongue Rug project in an article for Espace Sculpture: "Œuvres en processus pour publics en développement".
« Dans Le corps social de Stéphanie Lagueux et Tapis à langues de Julie Lapalme, on retrouve, à des niveaux différents, les préoccupations inhérentes aux œuvres télématiques, soit l’examen de plusieurs lieux et communautés, l’utilisation de stratégies de mise en œuvre pour une participation plus grande du public, un objet latent prêt à prendre forme et un agent d’effectualisation, c’est-à-dire la communauté ciblée agit comme co-auteur mais aussi comme témoin de l’œuvre. […]
Dans le cas du Tapis à langues, nous assistons au déploiement à long terme d’une archive qui grandira avec le temps. […] De ce troisième work-in-progress, Lapalme connaît l’élément de départ, un « patchwork » virtuel inspiré de la fabrication des tapis artisanaux que l’on retrouve dans le folklore suédois et québécois aux XIXe et XXe siècles. Faits de languettes individuelles et libres mais attachées par la base à un canevas, ces ouvrages servaient à l’époque de repères en archivant, par le biais des petites langues, la multitude de récits et d’anecdotes qui constituent l’histoire familiale.
Le Tapis à langues est confectionné dans un tissu d’espaces, de temps et de récits. Il est le fruit d’un ratissage géographique dont la trame se construit sur le réseau des lacs, des rivières et des ruisseaux qui portent les noms Lapalme, Legault et Angerbauer – noms de familles adoptive et biologique de l’artiste. Le site nous présente déjà l’organisation de différentes espaces arpentés en bicyclette par l’artiste en 2002. Elle y remodèle selon des données précises la carte du Québec. Ces représentations numériques des lieux, les tracés de parcours à faire ou déjà faits sont jumelés à autant de récits individuels et collectifs récoltés sur Internet ou directement sur le terrain. Chaque histoire devient dans la fabrication du tapis une petite langue, la voix propre du narrateur qui raconte. Chacune d’elles donne une texture, une couleur et une forme à cet assemblage. Le Tapis à langues prend donc corps, et devient, aux yeux de l’artiste, un engin de recherche, un fureteur d’histoires, le lieu d’échanges entre la communauté des habitants du réseau parcouru et le public qui suit à la trace celle qui le sillonne. Il entre dans la catégorie des tapis traditionnels tels que répertoriés par le Musée de la civilisation sous la rubrique objet de communication. […] »
MATHIEU, Marie-Christiane (2003). "Œuvre en processus pour public en développement, Stéphanie Lagueux et Julie Lapalme", Espace Sculpture, Montreal, Spring 2003, pp. 49-50.
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